Après des années de galère, Otelo aurait-il enfin accédé à la belle vie ? - © Gilles Guégan
Un dessin parfois maladroit mais toujours attachant et une narration maîtrisée - © Gilles Guégan
Une certaine maîtrise du noir et blanc - © Gilles Guégan
Pourquoi fais-tu de la BD ?
Parce que la BD a toujours été présente dans ma vie aussi longtemps que je m’en souvienne… parfois, je m’en suis détourné, plus ou moins longtemps, mais je trouve que ça reste un beau moyen de raconter des histoires, c’est une forme de littérature tout simplement.Comment est né le récit d'Otelo de Souza ?
D’une envie de raconter des choses plus ou moins vécues (il y a longtemps), vues ou entendues – mises dans un shaker et bien secouées – et en s’amusant en jouant avec les codes de la BD et avec le mode “Thriller” et une couche d’humour. Et beaucoup d’autodérision.Pourquoi ce pseudonyme et ce personnage principal d'origine portugaise ?
J’ai moi-même une histoire familiale liée au Portugal et à l’Algérie, c’est une façon de prendre de la distance avec le narrateur, comme une double personnalité – une manière d’emboîter de la fiction dans de la réalité. Enfin j’ai eu un copain portugais qui m’a réellement inspiré pour le personnage d’Otelo (même physiquement). Quant au nom, il fait référence à Otelo Saraiva de Carvalho, un des acteurs emblématiques de la révolution portugaise du 25 avril 1974 et à Othelo, personnage de tragédie de Shakespeare (le nom en lui-même est une référence, je n’ai même pas lu la tragédie – je vais peut-être devoir le faire).Quelles sont tes influences sur ce récit ou en général, que ce soit en BD ou en littérature, cinéma, etc
En BD je dirais sans conteste Alack Sinner de Munoz et Sampayo, mais aussi Ballade pour un voyou de Franck et Golo ou encore Taxista de Marti et… Tintin, pour les cauchemars.À quand la suite ? Et sous quelle forme ?
J’ai déjà imprimé en risographie un fascicule de 12 pages, l’amorce de la suite du récit que j’espère pouvoir éditer en petits épisodes à suivre à parution aléatoire. C’est une histoire sur le long terme, car je ne dessine que quand j’ai le temps, souvent le soir et parfois avec des éclipses de plusieurs mois. Alors le fil de l’histoire peut dévier… Et puis, pour l’instant je ne l’ai diffusé principalement que de la main à la main dans un cercle de relations (à part quelques dépôts en librairie) ; alors ça “diffuse” lentement… Je suis complètement en dehors des circuits, or, une histoire n’existant que si elle est lue, il faut peut-être que je reconsidère mon fonctionnement !En plus de ton activité professionnelle de jardinier et de cette passion pour la BD, tu es membre du collectif artistique grenoblois Ici-Même. Peux-tu nous présenter vos activités et plus particulièrement ton travail au sein de ce collectif ?
Ici-Même développe un travail “polymorphe” empruntant autant au spectacle vivant qu’à l’art contemporain ou sonore. Un travail dont le cadre est souvent l’espace public et la matière principale les relations entre les personnes ; beaucoup plus conceptuel que celui que je produis dans ma bande dessinée ! Dans le collectif le travail de chacun est souvent multiforme, pour ma part, je travaille principalement sur les productions graphiques : éditions, affiches, livrets divers, mais aussi parfois des constructions plus scénographiques. Et je participe à l’écriture des projets, à leur “mise en forme institutionnelle”.As-tu d'autres projets collectifs ou non sur Marseille ?
Sur Marseille, j’aimerais avoir plus de temps pour profiter davantage de la mer, nager, pêcher, dormir au bord de l’eau…Et enfin, pourquoi t'être installé même en partie à Marseille et que t'apportes cette ville culturellement et/ou humainement ?
Je m’y suis installé avec Ici-Même – qui a été artiste associé au Merlan (le Zef, aujourd’hui) entre 2010 et 2013 – et puis sans que j’y prenne garde, ma fille, alors collégienne, s’est attachée fortement à cette ville, plus moyen de partir !Merci infiniment à Gilles Guégan pour son travail et s'être prêté au jeu de l'interview par mail !