CHRONIQUES
Macadam Byzance
de Pierrick Starsky
et Pierre Place 15/08/2021
éd. Fluide Glacial
parution : février 2019 - 72 pages couleurs
24 x 32 cm - Prix : 15,90 €
Paru en février 2019, Macadam Byzance n'est seulement que la deuxième BD du scénariste installé à Marseille Pierrick Starsky. Il est ici accompagné au dessin par son ami Pierre Place, déjà croisé au sommaire de Aaarg!, revue lancée en 2014 par le même Pierrick Starsky et malheureusement arrêtée en 2017 après huit numéros riches et éclectiques.
Pré-publiées dans le magazine d'humour Fluide Glacial, ces histoires courtes brossent le portrait d'une bande de potes, loosers magnifiques et attachants qui n'est pas sans rappeler les personnages de Bukowski ou Fante. Pierrick Starsky, avec une écriture qui fait la part belle à la langue populaire, n'a pas à rougir de la comparaison avec ces écrivains talentueux. Un régal !

Des loosers magnifiques
Macadam Byzance, c'est l'histoire d'une bande de potes racontée par Ilitch, un « drôle de blaze » pour ce personnage qui se rêve écrivain. Fils d'un manouche ouvrier et syndicaliste tendance anarchiste qui l'a élevé seul à la mort de la mère d'Ilitch quand celui-ci avait 10 ans, la trentaine légèrement passée, cet anti-héros utilise son talent littéraire pour raconter les aventures du quotidien qu'il vit avec sa bande de potes, au premier rang desquels on trouve Hervé « un pote, un vrai, du genre frangin et depuis toujours », un grand gaillard légèrement benêt mais avec le cœur sur la main, et dans l'autre une bière ou un paquet de « chipes ».
Elevé seul par sa mère, une femme « affable malgré la dépression », Hervé a souvent squatté chez Ilitch. « Chez moi, de façon générale, c'est toujours devenu chez nous » écrit celui qui vit depuis quelques temps dans une caravane avec vue sur le centre commercial Cora.
Dès la première histoire, Hervé embarque, avec des cagoules trop petites, son acolyte pour le braquage d'un camion-frites qui s'avère ne pas avoir d'argent dans la caisse. Piteux, ils commandent tout de même « deux frites et deux cocas » qu'ils paieront avec leurs dernières économies. Le ton est donné !
Heureusement, Ilitch arrivera à inviter au cinéma Emilie, la charmante serveuse du camion-frites.
Une bande de potes
Autour d'Ilitch et Hervé gravite une galerie de personnages hauts en couleurs, qu'on découvre dès la deuxième histoire, celle où on apprend qu'Ilitch et sa bande passent une partie de leurs journées, spectateurs installés sur un banc face à la vitrine d'une salle de sports où s'enchaînent cours de danse, séances de yoga ou d'arts martiaux.
On fait ainsi connaissance avec Machado, grand personnage au sexe indéterminé ; Kamel dit « Kung-fu Panda » car ses jolies lunettes de soleil en forme de cœur forment sur son visage bronzé des marques blanches autour des yeux comme le personnage du dessin animé ; Mme Pinchon, une vieille dame qui ne se laisse pas faire et dont Ilitch tomberait bien amoureux si elle avait « 40 ans de moins » ; « Plus-à-gauche » surnommé ainsi car ce sont un peu les seuls mots que sait dire cette espèce de punk avec sa toque russe irrémédiablement vissée sur le crâne ; Mado, la patronne du bar Le Rallye, QG où tout ce beau monde se retrouve quasi quotidiennement ; Clotilde, jeune femme délurée et future épouse d'Hervé... sans oublier Moana, un gars sympa, toujours prêt à rendre service et qui présente la particularité de donner un nom en lien avec des célébrités à tous ses objets, comme Jacques Brêle pour sa mob' qu'il a donnée à Ilitch.
Caméos et histoires d'amitiés
Ce dernier personnage, Moana, est inspiré physiquement par le dessinateur Mo/CDM, auteur prolifique au sein de la rédaction de Fluide Glacial. C'est aussi le cas de tout un tas d'autres personnages secondaires, comme les membres de la Bande à Dindingre, dans laquelle on reconnaît Lindingre, ex-rédacteur-en-chef de Fluide Glacial et qui a initié la publication de Macadam Byzance dans le magazine, mais également les auteurs du mensuel d'humour Pixel Vengeur ou Camille Burger.
Une galerie de personnages inspirés par des dessinateurs jusqu'aux auteurs eux-mêmes qui se représentent en une sorte de duo d'ouvrier, « Pierrot et Pierrot » qui, après une première apparition dans la désopilante histoire sur la mort d'une cabine téléphonique, « Cabine Klein » comme dirait Moana, intègrent la bande de copains d'Ilitch.
Autres clins d'œil, on aperçoit le nom des auteurs sur des stèles funéraires au cimetière, près de la tombe de Marcel Pinchon, le mari décédé en plein ébat avec Mme Pinchon, « un étalon jusqu'au bout » comme elle dit, mais aussi de nombreuses affiches de concerts de musiciens amis des deux auteurs, comme on l'apprend en fin d'ouvrage où figure même une page de générique avec les noms de tous les amis qui apparaissent dans l'album.
Une histoire d'amitiés, qu'on vous dit !
Un monde très classe de déclassés qui résistent
A travers ces histoires d'amitiés, c'est aussi le portrait d'une frange de la société pour qui l'entraide veut encore dire quelque chose. Ce qu'on voit notamment lors du mariage d'Hervé et Clotilde pour lequel tout le quartier se mobilise, qui pour organiser le barbecue, qui pour faire le DJ ou installer la sono,...
Même si on évoque les téléphones portables ou d'autres éléments du monde moderne, toutes les histoires de l'album semblent malheureusement issues d'un autre temps – les années 70 ou 80 ? - avec ses cabines téléphoniques, ses mobylettes, ses ferrailleurs, sa compétition de pétanque de quartier,... Et que dire de la ville jamais nommée si ce n'est que cela renforce ce côté intemporel.
Pour autant, le monde « moderne » n'est pas loin, comme avec les Dupont, deux frères qui, en face du Rallye, ont repris l'un le grand café, l'autre l'agence immobilière. Symboles de la gentrification, « les connards d'en face faisaient des pétitions contre tout : clochards, jeunes zonards, voisins, bancs (qui accueillaient tout ce monde) ».
Humour et sensibilité
Si les différentes histoires prennent place dans cet environnement social, l'humour reste prépondérant. Ainsi, les auteurs nous gratifient de nombreuses situations délirantes comme le braquage du camion-frites déjà évoqué qui ouvre le recueil, ou encore la bataille de pisse qui oppose la Bande à Dindingre à Ilitch et ses potes...
Si humour il y a, la sensibilité n'est pas pour autant absente de ces histoires, comme dans « Les Bottes magiques » qui raconte la relation d'Ilitch avec son père récemment disparu dont il revêt pour un soir les santiags et comprend ainsi comment son paternel en sortait régulièrement des pièces de monnaie ce qui lui faisait croire, enfant, que ces bottes étaient magiques.
Jeux visuels et d'écriture
De nombreux jeux visuels parcourent le livre. Les caméos et les affiches de concerts qu'on a déjà évoqués, mais aussi les titres de chaque histoire qui sont mis en scène dans la case d'ouverture, procédé qui, bien qu'ici moins spectaculaire, fait penser au travail de Will Eisner dans les pages de titre de son Spirit.
Cela nous permet aussi de saluer le travail du dessinateur Pierre Place qui excelle à donner une classe - mais pas trop tout de même ! - à cette bande de loosers magnifiques.
Pour autant c'est le texte qui fait une grande part de l'humour de l'album. Les jeux de mots de Moana et de toute la bande, mais aussi et surtout la voix off d'Ilitch, narrateur se rêvant écrivain. Cela permet au scénariste d'exprimer tout son talent dans les voix offs - les dialogues n'étant pas en reste - qui fourmillent de trouvailles et d'un amour des expressions populaires.



blabla
Histoires courtes mais grand récit
Si les auteurs ont fait le choix d'utiliser pour s'adapter à une parution dans le mensuel Fluide Glacial des histoires courtes, dont le nombre de pages peut varier de 1 à 9 pages pour l'histoire finale, la plupart étant autour de 4 pages, cet album présente cependant plus de cohérence que bon nombre de récits au long cours ! D'autant plus que certaines histoires se suivent, comme l'épique mariage d'Hervé et Clotilde (deux histoires de 6 pages chacune) ou les deux récits émouvants autour du décès de « Plus-à-gauche » (désolé pour le « divulgâchage »). Sans compter le final, une histoire de 9 pages dans laquelle Emilie, la serveuse du camion-frites, quitte Ilitch lui reprochant de ne rien faire de sa vie (« tu te laisses vivre comme tu te laisserais crever »), ce qui lui procure la force d'achever son roman qu'il finit par envoyer, grâce à l'aide de Mado, à plusieurs éditeurs, avant de partir à la recherche de la fille cachée de « Plus-à-gauche »... et pourquoi pas faire un crochet pour tenter de récupérer Emilie partie travailler à Bourges-sur-Mer ?
L'histoire reste en suspens... Est-ce à suivre ? Ou bien une fin ouverte ?

Bref, on en redemande ! Mais bon si ça doit s'arrêter là, on aura passer un très bon moment avec cette bande de potes dont on aimerait tellement faire partie...
Epilogue
Ce livre je l'ai découvert à la médiathèque L'Alcazar de Marseille. Malheureusement j'ai perdu l'exemplaire emprunté (après l'avoir lu) lors d'un trajet en train. Après une demande infructueuse auprès du service des objets trouvés de la SNCF, j'ai racheté un exemplaire. Quand je suis allé le rendre à la médiathèque, le bibliothécaire m'a dit que la perte du bouquin avait peut-être fait un heureux... C'est le moins qu'on puisse espérer!

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Quelques questions
à Pierrick Starsky :
blabla

Tout d'abord, pourquoi "Starsky" ? C'est ton vrai nom ou un pseudonyme ?

Haha. Le mystère restera complet !

Comment est né le projet de Macadam Byzance ?

Tout a commencé avec une histoire courte, écrite pour AAARG !, le magazine dont je m’occupais. Pierre l’a dessinée, et on s’est tout de suite attaché à ces personnages. Ils étaient nantis d’un sacré potentiel… !
Lindingre, qui était rédac' chef à Fluide Glacial à ce moment, l’a lue et aimée. On lui a dit avoir envie de développer le récit, le quotidien de ces personnages. Il a suggéré de le faire en couleur, et on a attaqué la suite pas loin de deux ans après la première histoire.
L’idée a tout de suite été de créer un récit complet, une histoire chapitrée dont chaque séquence pourrait fonctionner de façon autonome, en prépublication. Autant dire que ça n’a pas été simple, d’autant que le récit devenait petit à petit choral, avec une sacrée palanquée de personnages aussi timbrés les uns que les autres. Mais au vu du résultat, je crois bien qu’on s’en est sortis.

Au vu des différentes dédicaces et clins d'œil qui parcourent l'album, on se demande quelle est la part autobiographique dans ces histoires et de la pure fiction.

Je dirais environ… zéro virgule trois pourcent ! Bien qu’il y a du vécu dans les interstices de ces histoires, ce n’est pas de l’autobiographie. Disons que passées dans le mixeur de la fiction, pas mal de choses tirées de la réalité ont pris de nouvelles couleurs. Il y a des scènes inspirées de faits réels, comme l’histoire de l’auto-stop et du phare, qui est arrivée à mon daron, quand il était jeune. Mais avec beaucoup moins d’incidences que dans le livre. Au bistrot, dans la rue, partout, je prends des notes. J’assiste à une scène, et j’imagine comment elle aurait pu tourner. Il y a un substrat de réel dans chaque histoire, mais également une bonne dose d’imagination. Pour les répliques, c’est pareil. Je peux noter des choses entendues, ou des choses que j’ai sorties à l’impro, inspiré au comptoir. Mais souvent, j’imagine comment une discussion aurait pu tourner après une bonne vanne, un bon mot capté à la volée…
Au final, rien n’est vrai, mais rien n’est complètement inventé non plus. J’écoute, je regarde, j’emprunte, j’imagine, je digère.

L'album étant sorti il y a plus de deux ans, une suite est-elle tout de même prévue ou a-t-elle été envisagée ?

Elle est bien sûr envisagée. Elle a été prévue, mais on est partis sur d’autres choses pour l’heure… On a donné beaucoup, sur cet album, qui a été réalisé ponctuellement, en trois ou quatre ans…
Je continue à prendre des notes, gratter des idées. On verra quand ce sera le moment, d’autant que je voudrais prendre de l’avance sur le récit, cette fois-ci.
J’aime beaucoup le principe du roman Tendre jeudi de John Steinbeck, qu’il a écrit dix ans après La rue de la sardine (lisez-les !). Dix années se sont passé également dans le récit. Les personnages ont vécu et grandi, vieilli en même temps que leur auteur. Certains sont morts, ou ont décanillé, d’autres ont emménagé. Nous ferons sans doute pareil… Mais ce n’est pas pour tout de suite.

A la lecture de Macadam Byzance, on pense à une certaine littérature américaine, (Bukowski, Fante ou le Fan Man de Kotzwinkle), quelles sont tes inspirations littéraires ou autres ?

Je n’ai pas lu Fan man, je note. Du reste, oui, j’imagine que tout ceci fait partie, plus ou moins consciemment, d’une bouillabaisse d’inspiration. Je lis beaucoup de romans, et la part belle est faite à la littérature américaine. Concernant les inspirations… Plutôt Fante que Bukowski, même si ce n’est pas évident ici. Rétrospectivement, je me suis rendu compte que le diptyque dont je parlais tout à l’heure (Tendre jeudi / Rue de la sardine) ont sans doute bien infusé et participé à ces histoires, même si de prime abord, Macadam Byzance est bien différent… C’est l’idée d’un lieu, où évolue une myriade de personnages hauts en couleur, dans un quartier populaire. Il y a plein d’influences que j’ai capté après coup, auxquelles je n’ai pas pensé en écrivant, mais qui, en retombant dessus, me sont parues évidentes. Par exemple, les BD de Moerel, que je lisais dans Fluide, ado. Elles comportent beaucoup de voix off, qui racontaient des choses embellies ou contraire à ce qu’on voyait dans l’image. Pas mal de films, également, m’ont fait tiquer en les revoyant : « Mais oui ! C’était là, dans l’arrière-boutique ! ». Les Apprentis de Pierre Salvadori, ou Les démons De Jésus de Bernie Bonvoisin, par exemple, en font partie. J’imagine qu’il y a beaucoup d’autre choses…
D’ailleurs, à la base, la première histoire qui ouvre le livre était imaginée comme un film. Je l’avais écrite pour un court-métrage, qui aurait été (ou sera, va savoir) assez différent dans la forme. Tourné comme un film noir, avec du jazz, des ambiances en décalage avec le propos… Par ailleurs, si je n’ai pas encore planché au-delà des notes sur un deuxième livre, j’ai une trame de long-métrage, qui reprendrait ou réadapterait certains des personnages. J’en ai le squelette, pas mal d’images en tête. Un road-movie… J’ignore si c’est réaliste de se projeter sur un film, sans doute pas du tout, mais je ne le choisis pas, ça s’impose à moi. Le cinéma est mon premier amour.

Je trouve que l'écriture de ces histoires, par ces dialogues et sa voix off, est ciselée et inventive. J'ai eu l'occasion de lire aussi un texte passionnant et drôle dans Siné mensuel retraçant le feuilleton abracadabrant (et je ne parle as du « twist » final avec l'interversion récente des postes entre maire et 1er adjoint) des élections municipales à Marseille. Peux-tu nous dire comment tu travailles tes textes ?

Oh, je ne le sais pas moi-même. C’est nouveau pour moi de faire le journaliste, dans Siné ou autres… À vrai dire, je me vois plus comme conteur, ou éditorialiste que comme journaliste. C’est une profession pour laquelle j’ai un immense respect. Je ne cause pas des abrutis qui ont pignon sur rue, enfin, sur petit écran, et qui déblatèrent des conneries, échangent des inepties et causent d’un monde dont ils sont déconnectés pour donner un avis sur des sujets qu’ils ne maîtrisent pas. Le vrai boulot de journaliste, l’investigation, j’admire… Je suis plutôt un archiviste, je lis sur, me documente sur, je rencontre des gens impliqués ou je vis un événement ; souvent tout à la fois. Puis je le raconte.
De façon générale, pour revenir à ta question, je vais travailler différemment d’un projet à l’autre en fonction de plusieurs facteurs possibles. La contrainte en est une. Dans la presse, on est tenu par un nombre de signe très réduits. Mes premiers jets font souvent le double, voir le triple de ce qui est demandé. J’y mets tout, de façon exhaustive, en y accolant ma plume, mon ton. Puis je coupe. C’est un exercice qui m’apprend beaucoup. Aller à l’os. Ces dernières années, j’ai surtout bossé sur du format court. Comme j’ai pas mal à dire, que je suis bavard, le résultat est dense, surtout en BD. Je m’attelle à des projets longs en ce moment, afin de prendre le temps de raconter. Ça me convient beaucoup mieux… Plus de contemplation, de silences éloquents…
Ma seule méthode, c’est écrire. Je fais peu de plans. J’envoie directement sur le papier. Le premier jet n’est souvent pas terrible, trop long, avec pas mal de maladresses stylistiques. Des fulgurances, aussi. Alors je taille dedans, je reprends.

Après la fin de la belle aventure de la revue Aaarg ! En 2017, tu as participé au lancement de la collection Glénaarg ! Qu'en est-il de cette collection ?

On n’a sorti que quatre livres en deux ou trois ans. Elle est focalisée sur l’humour noir, méchant, mais progressiste. L’idée est de se moquer de la bêtise, de parler du monde dans lequel on vit, sans tomber dans la facilité. On ne veut pas taper sur ceusses qui sont déjà stigmatisés. On préfère taper sur les tapeurs. Force est de constater que nous recevons peu de projets qui s’inscrivent dans cette ligne et, surtout, qui nous conviennent. Nous, c’est Cédric Illand et moi, qui dirigeons la collection. Sachant qu’en plus, parfois, un projet validé est ensuite retoqué en commission éditoriale... Étant mercenaire, travailleur extérieur à la boutique, je n’ai pas beaucoup de pouvoir décisionnaire sur la signature. Je bosse d’ailleurs avec d’autres maison. Mais c’est chez Glénat que je fais le plus de choses en tant qu’éditeur, même si c’est sporadique. Notamment le formidable Muertos de mon ami Pierre Place, qui est un chef-d’œuvre malchanceux (paru hors collection, chez Glénat, encore). Un chef d’œuvre, malheureusement sorti au début du premier confinement. Ruez-vous dessus !

Quels sont tes projets à venir en BD, écriture ou édition ?

Beaucoup de choses. Je voudrais m’atteler à des textes pour podcasts autobiographiques (ce coup-ci). J’en ai déjà quelques-uns. La BD, bien sûr. En 2020, un album, chez Fluide. Ça s’appelle Chevrotine. Compliqué à pitcher… Un peu entre Miyazaki et F’murr, à une moindre mesure, restons humble. Nicolas Gaignard dessine, il est immensément talentueux. Certains segments sont déjà parus dans le magazine Fluide Glacial, et ça dénote pas mal avec le reste… Et je planche sur deux longs récits en BD, donc, éloignés de l’humour. Puis d’autres choses encore. J’ai écrit pas mal de poésie, de quoi constituer un ou deux recueils. Je n’ai pas trop le temps de m’en occuper, ça viendra. Je fais des trucs dans mon coin, comme continuer à écrire des chansons pour des groupes. Des nouvelles, également… Je me disperse un peu, mais j’avance.

En exergue de Macadam Byzance, tu dédicaces l'album « aux victimes de la rue d'Aubagne et aux habitants de La Plaine, quartier en résistance », quel est ton rapport avec Marseille, professionnellement et humainement ?

J’habite à Marseille, dans le quartier de La Plaine, depuis plus de quinze ans, et c’est ma ville d’adoption. Je l’ai dans le sang. Elle me fatigue parfois, mais elle est tellement vivante, bigarrée, inclassable… C’est une ville assez unique, malmenée depuis des décennies par les pouvoirs publics, le clientélisme, les promoteurs, les affairistes… Une ville très pauvre, très vivante. Elle m’inspire beaucoup, même si je n’ai jamais directement écrit sur Marseille. J’aime l’idée qu’en lisant un récit, chacun puisse se projeter, s’imaginer dans un lieu inventé. Il a beaucoup été écrit que Macadam Byzance se passait à Marseille. C’est faux. Et les Marseillais le savent tout de suite en parcourant les pages. C’est une petite ville de province, imaginaire. Mais il y a un peu du vent de Marseille qui souffle dans ses rues. J’ai un roman en cours, dans lequel on pourrait également imaginer Marseille, si on n’y vit pas. Il y en a des gènes, évidement. Mais j’y mets aussi de l’ADN d’autres villes. Pour moi, dans un récit, le lieu où se déroule l’histoire est un personnage à part entière. Et même si, comme les persos, d’ailleurs, elle s’inspire de, elle doit rester fictionnelle, imaginée et imaginaire. Un lieu dans lequel on voyage le temps de la lecture, et qu’on peut s’approprier à l’envi.

Un grand merci à Pierrick Starsky !

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