Le film
1° partie – Le beau Camille, d’origine antillaise et prof de français au lycée, prend une colocation avec Emilie, une jeune femme d'origine asiatique qui vit dans une de ces immenses tours du quartier des Olympiades, dans le sud-est de Paris. Les deux jeunes adultes se cherchent : Camille aime son travail mais souhaite passer l’agrégation, alors qu’Emilie qui a fait Sciences Po’ travaille dans le démarchage commercial téléphonique. Dès cette première rencontre, ils couchent ensemble (voir l’étrange scène d’ouverture – probablement post-coïtale – avec la touchante jeune comédienne Lucie Zhang qui joue Emilie chantant nue un karaoke en solo). Leur relation charnelle dure une quinzaine de jours au bout desquels Camille décide unilatéralement de la stopper. Malgré tout, ils restent en colocation. Camille débute une relation avec une collègue du lycée (Stéphanie, métisse elle aussi) avant de s’installer chez elle et ainsi perdre de vue Emilie, qui paraît être toujours amoureuse de lui.
2° partie – Venant de Bordeaux, d’où elle semble fuir sa vie passée, Nora Lagier, 33 ans, s’installe à Paris pour reprendre ses études de droit.
Même si elle est mal à l’aise avec des camarades beaucoup plus jeunes, elle accepte d'aller à une fête étudiantepour laquelle elle se déguise avec une
perruque blonde. Dès son arrivée à la soirée, les hommes présents la prennent pour Amber Sweet, une fille qui fait des chats pornos privés (ils en ont
justement offert un à un de leurs amis pour son anniversaire). Quand Nora comprend la méprise, elle quitte la fête puis plus tard, devant la pression
morale et les insultes de ses camarades, arrête même ses études...
3° partie – Nora décide de reprendre son ancien travail d’agent immobilier et intègre une petite agence que Camille (le même personnage déjà croisé au début du film) a reprise, sans rien connaître au métier, vraisemblablement pour aider un ami. Malgré ses réticences au départ, Nora va accepter les avances de Camille, même s’ils n’arrivent pas à avoir de relations sexuelles approfondies (sic !). En parallèle, Nora a contacté la vraie Amber Sweet avec qui elle entame une relation assez trouble bien que virtuelle. Alors que Camille a repris contact avec Emilie (qui l’aide même en faisant l’interprète pour un client taïwanais), Nora finit par le quitter ainsi que son travail à l’agence, après une nuit d’amour charnel où elle a enfin décidé de prendre les choses en mains (re-sic !). Emilie, qui a eu de nombreuses aventures sexuelles grâce à une appli de rencontres, apprend que sa grand-mère qu’elle n’allait plus voir à l’EHPAD (pourtant tout proche de chez elle) est décédée. Alors que Nora rencontre enfin en vrai Amber Sweet, Camille propose à Emilie de l’accompagner aux funérailles de sa grand-mère. Elle de lui répondre qu’elle est amoureuse de lui et que s’il décide de venir, c’est pour qu’ils se mettent ensemble. Elle part sans réponse de sa part. Mais le jour de l’enterrement, alors qu’elle s’apprête à sortir de chez elle, Camille l’appelle à l’interphone pour lui dire qu’il l’attend en bas… et qu’il l’aime ! Clap de fin sans qu’on les voit se retrouver.
3° partie – Nora décide de reprendre son ancien travail d’agent immobilier et intègre une petite agence que Camille (le même personnage déjà croisé au début du film) a reprise, sans rien connaître au métier, vraisemblablement pour aider un ami. Malgré ses réticences au départ, Nora va accepter les avances de Camille, même s’ils n’arrivent pas à avoir de relations sexuelles approfondies (sic !). En parallèle, Nora a contacté la vraie Amber Sweet avec qui elle entame une relation assez trouble bien que virtuelle. Alors que Camille a repris contact avec Emilie (qui l’aide même en faisant l’interprète pour un client taïwanais), Nora finit par le quitter ainsi que son travail à l’agence, après une nuit d’amour charnel où elle a enfin décidé de prendre les choses en mains (re-sic !). Emilie, qui a eu de nombreuses aventures sexuelles grâce à une appli de rencontres, apprend que sa grand-mère qu’elle n’allait plus voir à l’EHPAD (pourtant tout proche de chez elle) est décédée. Alors que Nora rencontre enfin en vrai Amber Sweet, Camille propose à Emilie de l’accompagner aux funérailles de sa grand-mère. Elle de lui répondre qu’elle est amoureuse de lui et que s’il décide de venir, c’est pour qu’ils se mettent ensemble. Elle part sans réponse de sa part. Mais le jour de l’enterrement, alors qu’elle s’apprête à sortir de chez elle, Camille l’appelle à l’interphone pour lui dire qu’il l’attend en bas… et qu’il l’aime ! Clap de fin sans qu’on les voit se retrouver.
Une image extraite des Olympiades de J. Audiard - © Shanna Besson / Page 114 - France 2 Cinéma
Quelques critiques
Points positifs
Un extrait d'Amber Sweet d'Adrian Tomine - © Adrian Tomine / éd. Cornélius
De l'adaptation de la BD
Une page du récit Escapade hawaïenne - © Adrian Tomine / éd. Delcourt
Le troisième récit adapté, Escapade hawaïenne, narre le quotidien d'une jeune femme d'origine asiatique (Tomine est le fils de deux profs d'origine
américano-japonaise, donc plusieurs de ses personnages ont des origines asiatiques) qui, après avoir perdu son boulot dans le démarcharge téléphonique,
se met à faire des canulars au téléphone pour occuper ses journées et combler la vacuité de sa vie. Elle reste cependant dans le virtuel : quand un
homme qui répond à ses coups de fil anonyme vers la cabine en bas de chez elle – on est au XXè siècle ! – lui propose qu'ils se rencontrent, après
avoir longuement hésité elle finit par refuser.
Vous l'aurez compris, cette nouvelle donne corps au personnage d'Emilie / Lucie Zhang, mais le physique du personnage de Tomine est plus ingrat
que dans le film d'Audiard (le résultat me semble du coup plus cynique et désabusé dans la BD). Et c'est un réel problème du cinéma qui, même
en décrivant le quotidien le plus simple, amène un certain glamour qui empêche toute tentative réaliste de description du réel.
S'il n'en utilise grossièrement que quelques éléments narratifs, on se demande pourquoi Jacques Audiard a choisi d'adapter le travail de Tomine.
Peut-être pour suivre une certaine vogue d'adaptations sur grand écran de « romans graphiques » (et pour faire la nique à celles des comics de
super-héros ?) avec notamment Abdellatif Kechiche qui dans La Vie d'Adèle a adapté Le Bleu est une couleur chaude (qui n'est pas la
meilleure BD qui soit, loin de là) de Julie Maroh, sans oublier les auteurs de BD qui se sont eux-mêmes essayé à la réalisation comme Sattouf, Sfar,
Satrapi, Sapin et autres Nine Antico.
Et s'il n'est bien sûr nullement question d'adapter scrupuleusement les nouvelles de Tomine, il est regrettable de constater qu'Audiard et
ses deux co-scénaristes n'en conserve pas l'esprit.
D'après moi, ce qui fait la force des récits de Tomine, c'est de décrire le quotidien de personnages plutôt « loosers », des moments de vie
(parfois dans un moment hors-norme) en privilégiant une structure narrative sans début ni réelle fin. Ce qu'on ne retrouve pas ici. Si le début est
assez réussi dans ce sens, la fin du film est complètement convenue, même si elle ne montre pas les retrouvailles des deux amants du début.
Et chez Tomine les personnages sont le plus souvent emplis de failles, voire de pensées malsaines. Qui plus est, présentés de façon neutre
ce qui en fait ressortir d'après moi toute leur l'humanité. En effet, c'est dans ces moments de bascule ou de morne quotidien que les êtres humains
révèlent leur côté pas forcément le plus agréable, mais bel et bien le plus humain.
Ce qui est loin d'être le cas dans ce film, où malgré quelques moments de légère tension tout se finit plutôt bien pour tout le monde : Camille
et Emilie se mettent ensemble alors que Nora trouve le réconfort auprès de son "double" Amber Sweet.
Bref (re)lisez plutôt le travail de Tomine que de voir celui d'Audiard dont le principal mérite serait de mettre un peu plus en lumière le
travail de cet auteur américain encore assez méconnu du grand public et pas aussi connu que ses pairs (Chris Ware, Daniel Clowes ou Charles Burns,...)
Biographie d'Adrian Tomine