Je me permets de vous contacter car je viens d'achever – dévorer devrais-je dire – votre essai sur la BD,
Entre la Plèbe et l'élite,
sous-titré « Les ambitions contraires de la Bande dessinée », paru en 2012 et que j'ai découvert par hasard dans une sélection de l'excellente
médiathèque L'Alcazar à Marseille où j'habite depuis quelques mois.
Ancien libraire BD pendant 20 ans, je suis toujours curieux de tout ce qui peut avoir été écrit sur ce média qui restera à jamais pour moi
une passion.
J'avoue que j'avais emprunté votre livre sans en attendre grand chose et j'ai été le premier surpris de ne pas le quitter avant d'en avoir
achevé la lecture.
Ce n'est pas, loin de là, le premier essai consacré à la BD que je lisais (j'ai lu – ou essayé de lire – dans ma jeunesse de nombreux ouvrages
de Pierre Fresnault-Deruelle, ainsi que des livres de Thierry Groensteen et plusieurs des numéros des
Cahiers de la Bande dessinée qu'il a dirigés,
sans oublier la revue
L'Eprouvette publiée à L'Association et, chez le même éditeur, la thèse de JC Menu,
La Bande dessinée et son double,
mais aussi des livres plus généralistes et grand public comme le livre paru en 1989
93 ans de BD de Jacques Sadoul, auteur qui n'a, a priori,
rien à voir avec le critique Georges Sadoul dont vous évoquez la triste croisade contre la BD après-Guerre (p. 67).
M'étant moi-même intéressé récemment à l'histoire de la Bande dessinée pour un projet de conférences, avorté à cause du Covid l'an passé,
je ne pensais pas apprendre grand chose en lisant votre essai, si ce n'est sur des aspects très pointus ou « annexes » à la BD, comme les travaux
de Franz Masereel que j'avoue ne jamais avoir lus.
Or, j'ai appris tellement de choses à la lecture de votre livre dont j'ai beaucoup apprécié l'esprit à la fois synthétique et en même temps avec
un réel souci de précision : que ce soit les prémices de la BD avec Ramon Llull (p. 18) ou le travail BD de l'artiste-peintre Lyonel Feininger (p. 30),
le passage sur la BD chinoise rarement abordée (p. 91), ou encore le forum en ligne précurseur, le Frab (p. 58).
Case de He Youzhi, un des maîtres de la BD chinoise - © He Youzhi
Mais aussi des infos plus anecdotiques : le dernier livre du Dr Wertham, psychologue américain qui, après avoir dit qu'« Hitler était un
débutant en comparaison avec l'industrie du comic book » en terme de mauvaise influence sur la jeunesse (p. 65), a promu la pratique et la lecture
du fanzine (p. 81), la création de l'expression « 9ème art » non pas par Morris dans le journal
Spirou mais par le critique de cinéma
Claude Beylie (p. 104), le scénariste Marv « Wolfman » dont le nom a failli être banni dans les années 50-60 du générique des comics à cause de
son homonymie avec le terme anglais pour désigner le loup-garou, monstre interdit alors par le Comité d'auto-censure des éditeurs de comics américains
(p. 82).
Ou bien encore des éléments que je connaissais sans les avoir approfondis et que vous remettez ici en perspective de façon simple et chronologique
comme
Le Téméraire journal collabo pendant la Seconde Guerre (pp. 38 et 71) ou les débuts de la critique en une passionnante évocation quasi
feuilletonesque des articles dans la revue
Fiction qui ont amené à la création en 1962 du Club des Bandes dessinées qui se scindera deux ans plus
tard en deux associations « ennemies » aux doux acronymes, le CELEG (Centre d'études des littératures d'expression graphique) et la SOCERLID
(Société civile d'étude et de recherche des littératures dessinées).
« Hitler était un débutant en comparaison avec l'industrie du comic book »
Frédéric Wertham, psychologue
C'est certainement cette mise en perspective à la fois synthétique et détaillée qui m'a le plus intéressé et impressionné dans votre ouvrage.
En effet, vous arrivez à aborder quasiment tous les champs de la BD en relativement peu de pages : aussi bien l'histoire du médium,
des origines à une époque plus récente, de la BD dite « populaire » à une BD plus « élitiste » (comme le titre du livre l'annonce) ; les différents
courants et tendances (l'underground, les romans graphiques,...) ; ou les diverses problématiques (le numérique, la censure,...) et surtout toute
cette partie passionnante sur la légitimation de la BD et la naissance de la critique.
Couverture du catalogue de la première grande exposition consacrée à la BD en France organisée au Musée des Arts
décoratifs en 1967 par la Socerlid - © DR
Sans oublier tous les bonus en fin d'ouvrage qui font un point très sympathique (et pas si anecdotique – notamment par son aspect quasi sociologique)
sur les personnages d'auteurs de BD dans le cinéma, mais aussi celui très complet sur les relations et les points communs entre la BD et les autres
arts et moyens d'expression dans un chapitre intitulé « Ce qu'est aussi la BD » jusqu'à votre sorte de bédéthèque idéale intitulée « Quelques conseils
de lecture » à laquelle je souscris quasiment en tous points (si ce n'est que j'ai un blocage avec Carl Barks – certainement dû à mes lectures de
jeunesse où Donald était sans cesse ridiculisé – et que j'aurais également rajouté quelques comics !) : quel bonheur de voir citer Blotch et
l'Oupus 1 (deux ouvrages qui m'ont profondément marqué) à côté des classiques (qui je l'avoue me touche moins) signés Winsor McKay,
Will Eisner,... ou plus près de notre époque le dernier Grand prix d'Angoulême, Chris Ware.
D'autant plus qu'on sent le passionné derrière la rigueur du critique et je dois dire que cette subjectivité, même relative, fait un bien
fou à lire.
Alors pour tout ça (et le reste) je tenais à sincèrement vous remercier !
Case d'ouverture d'une des histoires de Blotch, dessinateur humoristique de l'entre-deux guerres imaginé par Blutch
- © Blutch / Fluide Glacial
Biographie
© Florence Lafargue
Né en 1968, Jean-Noël Lafargue est un chercheur français, expert en technologies et enseignant en art et nouveaux médias depuis 1996.
Après des études aux Beaux-Arts de Paris entre 1989 et 1992 en section peinture, il commence comme maître de conférences associé à l'Université
Paris 8, puis devient professeur à l'Ecole supérieure d'art et design (Esad) Le Havre-Rouen, à l'Ecole d'art de Rennes, à l'Esad d'Amiens,
ainsi qu'à l'Ecole supérieure de l'image d'Angoulême.
Il collabore avec plusieurs artistes sur leurs projets d'œuvres numériques, dont Claude Closky ou Jean-Louis Boissier, ainsi que pour le CD-rom
Moments d'après des textes de Jean-Jacques Rousseau paru aux éd. Gallimard en 2000.
En 2007, il crée le site humoristique de vulgarisation
Scientists of America.
Il a signé un certain nombre de textes dans la presse et a également publié plusieurs ouvrages de vulgarisation scientifique, tels que
Les Fins du monde, qui retrace l'histoire de la « fin du monde » à travers les âges, ou encore les bandes dessinées
L'Intelligence artificielle
: Fantasmes et réalités, en collaboration avec Marion Montaigne en 2016 et
Internet avec Mathieu Burniat en 2017.
Quelques questions à Jean-Noël Lafargue :
Comment est né ce projet d'essai sur la Bande dessinée ?
Ça remonte au fameux forum Frab, où j'ai eu des années de conversation avec des gens passionnés et passionnants qui m'ont ouvert à d'innombrables
champs de l'Histoire et de l'actualité de la bande dessinée. Beaucoup étaient des professionnels ou futurs professionnels, comme auteurs ou comme
éditeurs. À l'époque, j'étais surtout réalisateur de CD-roms et je me lançais dans le web (qui, pour le public, n'existait pas encore), tout comme
David Rault, qui a créé les premiers sites de Jochen Gerner, David B., Lewis Trondheim,... J'ai eu David comme collègue à l'école d'art d'Amiens,
et avec lui j'ai produit le CD-rom qui accompagnait le troisième album de la série Monsieur Jean, par Dupuy & Berberian.
Quelques années plus tard, devenu responsable éditorial chez Perrousseaux, un éditeur respecté dans le monde du graphisme, David m'a proposé
d'écrire un essai sur la bande dessinée, jugeant que j'aurais un point de vue original. Je venais de lire le
Plates-bandes de Jean-Christophe
Menu, ouvrage qui s'en prenait au tournant commercial que prenait la bande dessinée autrefois dite "indépendante", que je trouvais un peu snob
car (et au fond Jean-Christophe le sait très bien), la bande dessinée populaire regorge de chefs d'œuvre depuis sa naissance et tracer une frontière
entre bande dessinée populaire et bande dessinée d'art et d'essai est un projet artificiel. C'est un peu de ça que je voulais parler, en écrivant
une histoire de la bande dessinée, une histoire de son rejet et une histoire de sa légitimation. Je me suis retenu de trop m'étendre sur les points
vraiment bien connus — par exemple
Métal Hurlant ou
Pilote, et on me l'a reproché —, car ce genre de grandes dates donne parfois une fausse idée
du fourmillement qu'a eu le domaine à chaque époque.
Vous adoptez une certaine subjectivité, notamment en revenant sur votre parcours de passionné, comme votre suivi du forum en ligne
précurseur, Frab, créé dès 1996. Personnellement, je trouve cela très agréable à la lecture. Etait-ce volontaire de votre part ?
Le forum fr.rec.arts.bd fut un lieu étonnant. Quand j'y ai débarqué, je crois qu'il n'y avait que 50 000 personnes raccordés à Internet en France.
Comme ces forums "usenet" sont une des plus anciennes applications du Net (après l'e-mail, mais longtemps avant le Web), ils étaient un peu un passage
obligé, si bien que tous les passionnés de bande dessinée qui voulaient échanger en ligne avaient tendance à s'y retrouver. Je ne vais pas m'étendre
sur leur fonctionnement, mais ces forums étaient hiérarchisés, c'est à dire que tout ce qui était francophone commençait par fr, ce qui était récréatif
commençait par rec, ce qui concernait les arts était rangé dans la branche arts... Si bien qu'il n'y avait qu'un unique forum généraliste de bande
dessinée, fr.rec.arts.bd (assez vite il y en a eu un second consacré aux mangas). Enfin bref, un seul lieu, très peu de participants, mais tous
passionnés. De simples amateurs comme moi conversaient avec des personnalités imposantes comme l'historien et auteur Thierry Smolderen, comme les
spécialistes Christian Marmonnier, Patrick Albray,... comme les éditeurs "indé" Cornélius et Six Pieds sous Terre, comme la bande du
Cri du Margouillat
(Olivier Appollodorus, Ronan Lancelot, Li An) [
magazine de BD basé sur l'île de La Réunion], la bande du site Du9 [
excellent site de critiques
sur la BD], et puis des auteurs qui parfois étaient loin d'être aussi célèbres qu'ils le sont devenus. Il y avait notamment Joann Sfar,
Manu Larcenet, Fred Duval, Thierry Cailleteau, Claire Wendling, Tanx, Colonel Moutarde,... et bien d'autres.
Beaucoup de ces gens sont devenus des amis, il y en a d'autres que j'ai perdus de vue quand les forums Usenet — qui ont un temps surtout
servi au piratage — ont commencé à disparaître, mais que j'ai parfois retrouvés sur d'autres plate-formes, comme le forum de BDparadisio
(aussi vieux que FRAB, à vrai dire) et bien sûr les réseaux sociaux, mais je n'ai jamais retrouvé un si fort sentiment de vivre un "moment",
à la fois un moment de l'Histoire de l'Internet grand public, un moment de l'Histoire de la bande dessinée, puisque les années de travail des
auteurs "indé" commençaient à payer — qui aurait imaginé que Joann Sfar deviendrait un jour un auteur à grands tirages ? Pas mal de projets,
de collaborations, d'amitiés, de tournants professionnels sont liés à Frab...
J'ai donc voulu consacrer quelques lignes de mon livre à ce moment. Elles sont, forcément, assez subjectives.
En 2016 et en 2017, vous signez le scénario de deux ouvrages pédagogiques dans la collection malheureusement arrêtée
« La petite bédéthèque des savoirs » initiée par David Vandermeulen, l'un avec Marion Montaigne sur l'intelligence artificielle et l'autre
avec Mathieu Burniat sur Internet. Comment s'est passé ce passage de passionné et critique à auteur ?
Là, c'est David Vandermeulen qui pensait que je serais le bon auteur pour traiter de sujets technologiques. Quand il est venu me chercher pour
l'Intelligence Artificielle, l'identité du dessinateur ou de la dessinatrice n'était pas arrêtée, et j'ai notamment discuté avec l'immense
Daniel Goossens, qui nous a d'ailleurs finalement aidé, bien qu'il ait disparu du projet, non pas sur le dessin mais sur le scénario puisque,
en plus d'être une légende de l'Histoire de la bande dessinée, il est maître de conférences en Intelligence artificielle ! Puisque Goossens
s'éloignait du projet (je crois qu'il ne voulait pas mélanger ses deux vies professionnelles, et je crois aussi que tant qu'à faire un livre
sur le sujet, il n'aurait pas eu vraiment besoin de moi !), David Vandermeulen a pensé à Marion Montaigne. Je connaissais déjà Marion, je l'avais
invitée à rencontrer mes étudiants à l'université et puis on s'était croisés une paire de fois depuis. Le projet l'a intéressée, mais à condition
d'y travailler à sa manière. Je lui ai transmis des textes sur l'Histoire de la pensée artificielle, Daniel Goossens nous a écrit un texte sur le
sens commun, et pour le reste, nous avons beaucoup travaillé à la manière de Marion, en nous documentant et en enquêtant. Nous sommes allés rencontrer
des chercheurs, à Télécom Paris Tech ou à l'Université Marie et Pierre Curie, on a discuté, pris des notes. J'ai donné un cours de programmation
à Marion — qui a tout compris tout de suite. Une fois les idées en place, elle a travaillé comme un cheval au galop. Je suis fier d'être l'auteur
d'un gag dans le livre, mais ce n'est bien sûr pas moi qui aurais pu apprendre à Marion comment on fait une bande dessinée, alors je ne peux pas
dire que j'ai été son scénariste, juste son co-scénariste, ou un conseiller scientifique, disons. Pendant que cet album avançait, David Vandermeulen
m'a proposé de mettre en chantier "Internet", avec un jeune auteur belge que je ne connaissais pas, Mathieu Burniat.
Avec Mathieu, le travail a été bien différent (et tout aussi plaisant). Là, j'ai vraiment rédigé un certain nombre de pages racontant ce qu'était
Internet, dans toutes les dimensions (historique, logistique, sociale,...), et Mathieu a repris tout ce que je racontais, dans l'ordre où je le racontais.
Il a eu l'idée géniale d'utiliser une anecdote — l'histoire d'Hayastan Shakarian, une septuagénaire géorgienne qui avait coupé Internet à tout le
Proche-orient d'un coup de pelle — comme fil conducteur.
C'est assez facile des faire des bandes dessinées quand on travaille avec des gens aussi talentueux que ces deux-là !
Vous avez collaboré avec des artistes dans le domaine du numérique, mais peu avec des auteurs de BD. Comment appréhendez-vous
votre double casquette de spécialiste des nouvelles technologies et de passionné de BD ?
Dans le domaine du numérique j'ai un peu travaillé avec des auteurs de BD. J'ai travaillé au premier site des éditions Cornélius (comme développeur),
à celui de Colonel Moutarde [
autrice et illustratrice de BD], et puis j'ai été le développeur du CD-rom de Dupuy et Berbérian, qui était une grosse
affaire. Donc j'ai bien deux casquettes, qui parfois s'additionnent. Comme enseignant, bien que spécialisé dans le design numérique, j'aime aussi
donner des cours de dessin, faire réfléchir mes étudiants à la narration interactive, inviter des auteurs... Je ne relie pas systématiquement les
deux domaines mais je ne m'interdis pas de le faire.
En tant que spécialiste des nouvelles technologies, et même si vous l'évoquez dans votre essai de 2012, comment imaginez-vous
le futur de la BD ?
Je ne suis vraiment pas prophète !
Il me semble que l'avenir de la bande dessinée est une question de modèle économique : comment est-ce que tant d'auteurs si talentueux peuvent vivre
de leur travail, alors même que les éditeurs réduisent le tirage moyen des albums ?
Les projets éditoriaux en ligne ont du mal à dégager une vraie rentabilité, alors qu'il y a ou il y a eu des choses extraordinaires et très
professionnelles (Chicou Chicou, Les Autres gens, Professeur cyclope, Mazette), profitant parfois des possibilités spécifiques au support (animation,
interactivité). En revanche le réseau permet à des auteurs d'exister en ligne bien avant d'être édités (remplaçant un peu le fanzine d'autrefois),
et leur permet aussi de s'engager dans une économie alternative, par le crowdfunding.
Je ne sais pas si c'est une vraie tendance, mais la mode des "concerts de dessins" et des "conférences dessinées" est intéressante. Le public
est toujours fasciné par la vision du dessinateur au travail.
Quoi qu'il en soit, le public reste attaché aux livres...
Vous avez créé un site mêlant science et humour, Scientists of america. D'après vous, science et rigueur théorique sont-elles
compatibles avec l'humour ?
En tant qu'ami et admirateur d'immenses vulgarisateurs et tout aussi immenses humoristes que sont Marion Montaigne, Mathieu Burniat, David Vandermeulen
ou encore de Lisa Mandel, j'aurais du mal à ne pas croire que l'humour et la rigueur sont compatibles.
Scientists of America est un projet humoristique, et parfois politique, mais certainement pas un projet de vulgarisation, puisque j'y utilise
les tics littéraires de la vulgarisation scientifique pour raconter un peu n'importe quoi. Je jouais avec l'idée de la "science corrompue", qui n'était
pas une notion aussi rebattue qu'aujourd'hui, en proposant aux gens d'écrire sur commande des articles qui leur donnaient raison, en inventant des
statistiques, etc. C'était un projet passablement irresponsable !
L'essai Entre la plèbe et l'élite datant de 2012, avez-vous d'autres projets de livres à propos de la BD, sur des tendances
contemporaines notamment ?
L'été dernier, entre deux confinements, j'ai été commissaire au Centre National du Graphisme à Chaumont d'une exposition consacrée à Jean-François Rey,
un typographe inconnu du public mais très connu des auteurs de bande dessinée dont il adapte l'écriture pour créer des polices de caractères pleines
de variantes, parfois de ligatures, qui sont indiscernables de l'écriture manuelle : peu de gens devineront que c'est une fonte numérique qui sert
aux adaptations par Cornélius des albums de Crumb, Clowes, Burns, ou que des gens tels que Marion Montaigne, Dorothée de Monfreid, Romain Dutreix,
Bastien Vivès, Rupert et Mulot et bien d'autres utilisent ce genre d'outils.
Le tout prochain texte que je publie, qui sera dans la revue
Le Signe Design, est consacré à cette question.
Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
Sur un livre contenant des programmes informatiques visuels qui tiennent dans un tweet, sur une fiction en bande dessinée, avec deux co-auteurs,
dont je ne peux pas parler pour l'instant. Et sur divers petits textes pour des revues, des conférences. Je suis impatient d'être au mois de novembre
car je serai invité au festival des Utopiales à Nantes pour diverses tables rondes !
Vous avez été enseignant en école d'arts, notamment à Angoulême. Quel était l'enseignement que vous y donniez ?
Je fréquente ou j'ai fréquenté pas mal d'établissements supérieurs, effectivement : Paris 8 (en arts plastiques), les écoles d'art d'Amiens, Pau,
Angoulême, Rennes, et, depuis quinze ans, Le Havre.
En général on m'emploie comme spécialiste du numérique, et notamment du graphisme interactif/génératif et des applications multimédia. À Paris 8,
un peu pour le plaisir, j'anime un cycle de conférences sur la bande dessinée. Au Havre, en dehors du numérique, il m'arrive de m'occuper de narration,
d'écriture, de dessin (ma formation !), quoique je n'aie pas vraiment de légitimité professionnelle dans ces domaines. À Angoulême, il m'est arrivé
d'être invité par le Master de bande dessinée, pour parler de bande dessinée numérique. La dernière fois, j'ai animé un atelier de ce genre avec un
jeune homme fort talentueux à qui j'avais montré la programmation informatique des années plus tôt dans la même école, et qui entre temps est devenu
un grand auteur et réalisateur : Benjamin Renner (
Le Grand méchant renard). Il était très doué pour la programmation, et il est très attentif aux
possibilités de l'interactivité, mais rien que comme auteur, quel talent !
Merci infiniment à Jean-Noël Lafargue pour cet échange passionnant !